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L'aumônerie aujourd'hui
Enseignement catholique

  Présentation Histoire
De 1800 à nos jours

Fête des deux cents ans de l'Aumônerie de l'enseignement public à Brive

L’École, la République, l’Aumônerie : page d’histoire

QUELQUES DATES

1802 Création du Service public et du corps des aumôniers
1905 Séparation Église / État.
1914 Réconciliation de l’Église et de l’État. Les aumôniers partent à la guerre.
1940 Les aumôniers entrent en résistance.
1948 Déclaration universelles des droits de l’homme
1959-1960 Loi Debré
1962 Concile Vatican II.
1964 Mise en place du SNAEP (Secrétariat national de l’aumônerie de l’Enseignement public), du CNAEP (Conseil national de l’aumônerie de I’ Enseignement public), et du SRAEP (Secrétariat Régional de l’Aumônerie de l’Enseignement Public).

1970 États généraux de l’Aumônerie de l’enseignement public à Neuilly.
1988 Circulaire de l’Éducation nationale (n° 88-112 du 22avril1988) :
« Enseignement religieux et aumôneries dans l’enseignement public ».
Colloque laïcité au Mont-Sainte-Odile.

1998 « Polyphonie pour un avenir ». Rassemblement de 3 000 responsables à Toulouse. Déclaration de la charte de I’AEP — Relation AEP / Enseignement public.

1999 L’Aumônerie de l’enseignement public participe aux J.M.J à Paris
au village solidarité.

2002 Colloque Paris, au Palais du Luxembourg
Rassemblement en région à Bordeaux:colloque régional.

L’Aumônerie fête tout au long de cette année un anniversaire important, il s’agit de la célébration de son bicentenaire. L’Aumônerie de l’Enseignement public (A.E.P.) est née juste après la tourmente révolutionnaire par décret du 19 frimaire an XI (10 décembre 1802) qui dit : “Est institué un aumônier dans chaque lycée de l’État“. Concrètement c’est au lycée départemental, siège de la préfecture, que sera nommé le premier aumônier. À partir de 1875, l’enseignement et la question religieuse sont au centre des débats de la Troisième République. En 1882, Jules Ferry instaure la laïcité de l’enseignement primaire tout en indiquant que les écoles vaqueront un jour par semaine, outre le dimanche, afin de permettre aux parents qui le désirent de faire donner aux enfants une instruction religieuse. Du côté catholique, malgré le ralliement à la République prôné en 1892 par le pape Léon XIII dans l’Encyclique Inter innumeras Sollicitudines (au milieu des sollicitudes), les milieux catholiques intransigeants montrent leur opposition à tout dialogue. À cette époque, les tensions sont vives et les oppositions marquées. C’est dans ce contexte qu’est votée le 9 décembre 1905 la loi de séparation. Pour les rédacteurs de la loi, comme pour son rapporteur à la Chambre, Aristide Briand, la séparation est certes liée à des considérations politiques1 mais elle n’est pas comprise par le législateur de 1905 comme une privatisation du fait religieux ou même comme la suppression de la liberté religieuse. L’article 1 de la loi garantit la liberté religieuse et ses conditions d’exercice, ce qui a pour conséquence que les aumôneries demeureront dans les établissements publics d’enseignement, les hôpitaux, les prisons et les casernes2. Les débats, les échanges ont été difficiles et durs à l’époque, ceci est évidemment lié au contexte politique et sociologique. Il faut attendre 1914 pour que l’on assiste à une des premières réconciliations entre “les laïcs et les religieux“. La première guerre mondiale, ce sera quatre années de guerre où les combattants, quelles que soient leurs appartenances sociales, linguistiques, religieuses, se retrouvent dans l’épreuve. Cette “unité” retrouvée se vit souvent dans la fraternité de l’épreuve et de la mort.
Devenus compagnons d’armes, les aumôniers et les soldats se découvrent, l’Église et la République se retrouvent. Les rapports humains et institutionnels hérités de la première guerre mondiale ont inscrit la relation École/Église sous un nouvel angle : le curé et l’instituteur, l’aumônier et l’enseignant, ont partagé la même fraternité. Il faut également dire que beaucoup d’aumôniers et d’enseignants se retrouveront ensemble comme des combattants de la liberté dans les rangs des divers groupes de résistance. En 1959, s’inspirant des recommandations de la Commission Lapie, le gouvernement français décide à l’époque de “définir”, dans le respect des principes fondamentaux de la République, les grandes lignes d’une politique nouvelle essentiellement fondée sur l’idée de coopération. Dans son article premier, la loi énonce : “Suivant les principes définis dans la constitution, l‘État assure aux enfants et adolescents dans les établissements publics d’enseignement, la possibilité de recevoir un enseignement conforme à leurs aptitudes dans un égal respect de toutes les croyances. L’État proclame et respecte la liberté d’enseignement et en garantit l’exercice (...), il prend toutes dispositions utiles pour assurer aux élèves de l’enseignement public la liberté des cultes et de l’instruction religieuse“. Cette loi de 1959 s’inscrit dans la tradition de la laïcité républicaine du droit et elle affirme la liberté de conscience, elle garantit les droits de chacune des parties : celle de l’établissement public et de l’Aumônerie (catholique, israélite, ou protestante)3. Celles-ci n’ont pas à faire de prosélytisme et elles ont à respecter les convictions de chacun et les règles de vie commune. Les activités des aumôneries se déroulent dans le cadre des règles définies par le législateur, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des établissements. Il s’agit bien à la fois d’affirmer le rôle central et normatif de la laïcité, tout en permettant dans le cadre de celle-ci à la liberté religieuse de s’exercer. On est loin des oppositions du début du siècle. En 1988, une circulaire de l’Éducation nationale précise le statut de l’Aumônerie4. L’Aumônerie de l’Enseignement public est héritière de cette histoire. Depuis deux cents ans, comme depuis ces cinquante dernières années, se sont les multiples contacts, rencontres, dialogues entre enseignants, proviseurs, principaux, qui ont permis de définir ensemble les contours d’une laïcité comme espace de rencontres et de libertés, comme espace de débats et de confrontations. Cette histoire, nous en sommes, chacun d’entre nous, les héritiers. De nombreux prêtres, laïcs dans nos départements ont donné de leur temps pour que l’Aumônerie de l’Enseignement Public ait ce visage d’ouverture et de dialogue. Beaucoup de jeunes ont pu également échanger, se confronter, fonder leur existence sur ce qu’ils ont pu recevoir grâce aux aumôneries.

Aujourd’hui proposer la Foi en Aumônerie et dans la société actuelle ...

En 1996, dans leur lettre aux catholiques de France, les évêques de France écrivaient : “Nous acceptons sans hésiter de nous situer comme catholiques dans le contexte culturel et institutionnel d’aujourd’hui, marqué notamment par l’émergence de l’individualisme et par le principe de la laïcité“5. L’Aumônerie de l’Enseignement public se situe, comme acteur pastoral, au coeur de cette problématique, elle se définit même comme une “interface“ entre la République et l’Église6. Interface, car l’Aumônerie est envoyée, d’une part, par l’Église en mission auprès des jeunes scolarisés dans les établissements publics, où, d’autre part, sa mission est encadrée et reconnue par la loi. L’Aumônerie est un service de l’Église, elle fonde son existence sur cette double reconnaissance, celle de l’Église et celle de la Loi. Dans notre diocèse, nous avons de nombreuses aumôneries internes et externes, reconnues par les établissements publics, c’est également un réseau de responsables, d’animateurs et de parents. L’Aumônerie de l’Enseignement public met en relation parents jeunes, animateurs et responsables.

Récemment, à l’occasion du colloque organisé par l’A.E.P. au Sénat, le nonce apostolique, Mgr Fortunato Baldelli, a écrit un message d’encouragement dans lequel il dit : “Je désire évoquer la responsabilité croissante des Aumôneries de l’Enseignement Public. Dans une société pluraliste, l’Aumônerie joue un rôle essentiel pour la formation intégrale des jeunes, en les invitant à un approfondissement de leur foi, qui les mette en mesure d’être d’authentiques témoins du Christ “. Le nonce exprime bien, me semble-t-il, à la fois le contexte, la spécificité et la mission de l’A.E.P. Le contexte, c’est-à-dire “la société pluraliste” une société marquée par la laïcité et les différences d’opinions et de religions, la spécificité par “inviter et mettre en mesure“ ce qui implique la liberté intérieure et l’acte de proposition, la mission : “devenir des témoins authentiques du Christ“ c’est l’appel à la vie évangélique.

Les situations des aumôneries sont diverses, mais depuis quelques années elles se structurent en fonction du projet du Secrétariat national de l’Aumônerie de l’Enseignement public et du projet diocésain. Partout où cela est possible, des propositions pastorales par niveau sont engagées, une formation des animateurs est donnée, des parents sont associés à ce travail. Des temps forts par secteur ou diocèse sont proposés. Il s’agit là également de mettre en place ces nouveaux chemins et moyens au service de la mission qui nous est confiée. C’est le jeune, dans sa croissance humaine, qui est au centre du projet de l’A.E.P. Le jeune s’éveillant à sa liberté personnelle, se découvrant comme vivant, au coeur de ce monde, où l’Évangile donne du sens et appelle à un bonheur.

Des propositions sont faites

Une A.E.P. locale fait des propositions très diverses. Qu’il me soit permis d’évoquer ici l’atelier informatique d’une aumônerie locale où l’on va découvrir l’histoire biblique avec un cédérom ou surfer sur le web, notamment sur INXL6 7. Cet outil permet également d’aider dans le cadre du soutien scolaire. D’autres vont se retrouver autour d’un partage d’Évangile ou pour discuter sur des thèmes précis : la violence, la mort, la solidarité, le respect. Nous pourrions multiplier les exemples. Ce qui compte avant tout pour chaque aumônerie, c’est d’accueillir chaque jeune dans un regard de bienveillance et de le faire grandir dans une liberté intérieure où il pourra découvrir que cette liberté prend le visage du Christ. L’Aumônerie c’est également un lieu d’Église où l’on célèbre les sacrements, notamment l’Eucharistie, le Baptême, la Confirmation. De plus en plus de jeunes demandent de découvrir la parole de Dieu, cela est rendu possible quand la pudeur, l’esprit d’ouverture et de tolérance, de discernement, sont au rendez-vous. Car il ne s’agit pas d’inculquer, mais réellement de proposer une liberté qui suscite une réponse. Les jeunes n’attendent pas de nous d’être des techniciens, mais des témoins d’une fidélité qui suscite une confiance, des témoins qui ouvrent un chemin sur lequel ils peuvent entrevoir que le Christ les précède.

Des propositions diocésaines sont également faites pour les jeunes en priorité : camps, temps forts, regroupements, etc. Il faudrait ajouter à cela la formation des animateurs en diocèse ou en région, notamment avec la F.R.A.E.P (Formation Régionale des Animateurs en Aumônerie de l’Enseignement Public) qui regroupe plus de cinquante participants. C’est vrai, il y a parfois des équipes modestes mais cette petitesse rime souvent avec saveur évangélique. Il y a une grande diversité d’équipes et de situations, mais là où la confiance et la cohérence pastorale sont au rendez-vous, on peut voir comme un “petit printemps” de l’Église.

Avec des partenaires et en Église

L’Aumônerie de l’Enseignement public est un service de l’Église diocésaine. À ce titre, elle a une fonction et une mission qui lui sont propres. Pour remplir cette mission elle se doit avant tout de travailler en diocèse avec les partenaires de la pastorale des jeunes, dans le respect des spécificités de chacun. Parmi ces premiers partenaires, il y a l’Ecole catholique. L’A.E.P. collabore régulièrement avec le Service diocésain du catéchuménat, la catéchèse, les mouvements d’Action catholique. L’Aumônerie est solidaire de ce qui se vit dans un diocèse, dans une paroisse, dans un mouvement, c’est pour cela également qu’elle croit de son devoir d’être aussi un de ces lieux qui appelle aujourd’hui des jeunes au ministère presbytéral, mais également des jeunes adultes au ministère diaconal et à celui de laïcs engagés en pastorale.

Le 17 novembre 2002 : colloque régional sur le thème "École publique et Aumônerie en dialogue"

Dans une société laïque et pluriculturelle, l’Aumônerie de l’Enseignement public, par sa présence au cœur de l’Éducation nationale, a un savoir être et un savoir-faire originaux. Riche d’une histoire de deux siècles, 100 ans après la séparation de l’Église et de l’État, l’Aumônerie de l’Enseignement public a acquis une expérience unique d’une laïcité vécue au quotidien. Expérience qui conjugue dialogue, respect, souci de l’autre et tolérance. C’est cette expérience qui est au coeur des thèmes du Colloque régional qui aura lieu à Bordeaux le 17 novembre 2002.

Notes :
1- Il s’agit bien pour certains de s’opposer concrètement aux Églises et à l’Église catholique, en particulier aux franges les plus conservatrices du catholicisme français. L’Église connaîtra beaucoup de difficultés, notamment pour maintenir les écoles catholiques et les universités catholiques. Les congrégations religieuses ont traversé ces crises avec beaucoup d’héroïsme et souvent en témoignant d’une réelle vitalité évangélique.
2- - Article 2 : “La République ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte. (...). Pourront toutefois être inscrites aux dits budgets les dépenses relatives à des services d’aumônerie et destinées à assurer le libre exercice des cultes dans les établissements publics tels que lycées, collèges, écoles, hospices, asiles et prisons“.
3- - Il s’agit des cultes reconnus par la République . Sur la loi de 1959, voir le décret d’application n° 60-391 du 22 avril 1960.
4- - Circulaire n° 88-112 du 22 avril 1988.
5- - « Proposer la Foi dans la société actuelle », Lettre aux catholiques de France, Paris, Le Cerf, 1996, p. 20
6- - Voix pour un avenir, orientation nationale de l’Aumônerie de l’Enseignement Public, Toulouse 1998. SNEAP 1998
7- http://inxl6.cef.fr